mercredi 14 septembre 2011

[1er implant] J+3 mois : le quatrième réglage

Voici déjà deux mois que je porte l'implant au quotidien, deux mois qui seront définitivement ancrés dans ma mémoire. Je commence de plus en plus à avoir un recul nécessaire pour vous proposer mon expérience sur ce blog. J'ai aussi de moins en moins des souvenirs précis de mon ancienne vie, tellement le changement est immense.

Lorsque je vivais au quotidien avec mon amie, la répétition était une tradition, obligeant systématiquement à pointer mon regard sur elle pour comprendre ce qu'elle disait, et encore... Il m'était impossible de vaquer à une tâche, comme lire un bouquin ou attacher ses chaussures, sans être obligé de m'arrêter pour regarder en direction de la personne qui me parlait. Conduire et regarder en même temps que le passager ? Impossible. Regarder la télé tout en écoutant quelqu'un d'autre me parler ? Doublement impossible. Discuter dans le pénombre ? Triplement impossible... Les exemples sont infinis. Et l'impatience pointait son nez.

Aujourd'hui, tout ça commence à être du passé. Pas plus tard que le week-end dernier, j'ai réellement commencé à prendre conscience que la lecture labiale pourrait elle-aussi appartenir au passé. Non pas que je la "subissais" tout les jours (c'est un réflexe complètement naturel) mais que ça devenait parfois fatiguant de devoir sans cesse être en face de la personne, dans un milieu éclairé, pour pouvoir comprendre ses mots...

Aujourd'hui, lorsque mon amie me parle dans le dos, ou d'une autre pièce, je saisis presque tout les mots (environ 80%). Je ne plus obligé de me faire un tour de cou lorsque j'attache mes chaussures. Je comprends beaucoup mieux la radio avec mon oreillette inductive (environ 70% de mots !). Je peux regarder un film sans sous-titrage au cinéma sans trop de problème (environ 50-60%). Je peux discuter avec des amis dans des lieux bruyants (entre 50 et 70%). Je peux redécouvrir des musiques complexes tels que les orchestres symphoniques, opéras et musiques de film. Enfin, je suis capable de donner mes premières conversations au téléphone. Quand je vous dis qu'il y a un vrai changement... Une nouvelle vie qui, pourtant, m'avait été très vivement déconseillée il y a deux ans...

Mais revenons-donc au sujet de ce billet, qui concerne le quatrième réglage du processeur depuis le 13 juillet. Rien de nouveau concernant la procédure : je dois toujours détecter les seuils de perception et les seuils de confort pour chaque électrode. Cela demande toujours une concentration extrême pendant une vingtaine de minutes. L'évolution des seuils devient de moins en moins flagrante, ce qui est logique. Je rentre désormais dans une phase de peaufinage, où chaque nouvelle séance permettra d'améliorer la précision de l'écoute, pour parvenir à un réglage optimal. Dans la pratique, ce que j'entends avec l'implant aujourd'hui n'a absolument rien à voir avec ce que j'entendais le première jour, voire la première semaine. La bouillie de sons indescriptibles a laissé place à une écoute mélodieuse et extrêmement précise. L'aspect très "noir et blanc" des premiers instants se colorise petit à petit au fil des semaines, jusqu'à représenter aujourd'hui les aigus et les médiums de façon presque normale. Pour preuve, lorsque je pars au boulot le matin, j'ai souvent tendance à oublier de mettre mon appareil droit, pensant l'avoir sur moi : la différence entre les deux oreilles est en train de se réduire comme une peau de chagrin. Les sons deviennent plus chaleureux et les différentes voix que je perçois commencent à être différentiables, même si des difficultés subsistent.

Le prochain réglage aura lieu le 7 décembre, dans trois mois. Les séances de rééducation s'affinent également. Elles me permettent de voir où se situent mes difficultés. Avec mon orthophoniste, j'essaye d'orienter le travail vers plusieurs objectifs désormais définis :

  • La discussion avec du bruit de fond. La dernière fois, nous avons été à la cafétéria du CHU pour recréer ce type d'ambiance bruyante. Au moins 60-70% de compréhension mais ça peut être très variable (fatigue, etc.).
  • La discussion sans lecture labiale. Au moins 50-60% de compréhension (là aussi ça peut être très variable selon la fatigue, le nombre de personnes, etc.).
  • La discussion à distance. J'ai de plus en plus de facilité à converser dans un rayon de 5 mètres. Sachant que le son perd moitié-moins sa puissance lorsqu'on double la distance, c'était une catastrophe avec mes anciens appareils. Plus maintenant.

Tandis qu'à la maison, je travaille essentiellement sur :
  • La radio,
  • La musique (mais pas encore les chansons),
  • Les discussions dans le noir et, quand j'en ai l'occasion, dans le bruit.

Les jours qui passent ne sont donc pas de tout repos, mais du moment que c'est pour une bonne cause...

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